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Sirsasana : Entre tradition yogique et réalité scientifique: les vrais dangers

Sirsasana : Entre tradition yogique et réalité scientifique - The Climbing Yogini

Sirsasana : Entre tradition yogique et réalité scientifique

⏱ Temps de lecture : 8 minutes

En tant que pratiquante et enseignante de yoga, j'ai longtemps intégré les inversions dans ma pratique. Sirsasana, le "roi des asanas" selon B.K.S. Iyengar, occupe une place particulière dans la tradition yogique. Aujourd'hui, je te partage ce que la science moderne nous révèle sur cette posture, tout en respectant la sagesse ancestrale du yoga.

Ce que la tradition nous enseigne

Dans son livre "Light on Yoga", B.K.S. Iyengar décrit Sirsasana comme une posture qui apporte vitalité, clarté mentale et équilibre émotionnel. La tradition yogique lui attribue des effets sur les corps subtils, l'activation du chakra couronne (Sahasrara) et l'éveil de facultés dormantes.

Il est important de reconnaître que : ces aspects énergétiques et spirituels échappent aux mesures scientifiques actuelles. L'absence de preuves scientifiques ne signifie pas nécessairement l'absence d'effets - certains bénéfices peuvent être subjectifs, énergétiques ou simplement pas encore mesurables.

Ce que la science a mesuré

Le flux sanguin cérébral : une surprise

L'un des arguments principaux pour Sirsasana était l'augmentation du flux sanguin vers le cerveau. Une étude de 2019 publiée dans le Journal of Alternative and Complementary Medicine a révélé que le corps maintient un flux sanguin cérébral constant grâce à un mécanisme d'autorégulation, peu importe notre position.

Cela ne veut pas dire que la posture n'a aucun effet - simplement que l'effet n'est pas celui qu'on pensait !

La réalité biomécanique

Des chercheurs américains (Hector & Jensen, 2015) ont mesuré les forces en jeu :

  • 40 à 48% de ton poids corporel repose sur ta tête et ton cou
  • La technique d'entrée fait une vraie différence (jambes tendues = moins de charge)
  • Le système nerveux sympathique s'active, créant une réponse physiologique mesurable selon l'étude de Manjunath & Telles (2003)

Les risques documentés : Pour une pratique éclairée

Effets sur la pression oculaire

Les études montrent systématiquement :

Nuance importante : Pour une personne en parfaite santé oculaire, une pratique occasionnelle et courte pourrait être sans danger. Mais il est impossible de savoir si on est prédisposé sans examens médicaux.

Comment savoir si tu es à risque pour le glaucome ?

La bonne nouvelle : Un ophtalmologue peut détecter une prédisposition au glaucome AVANT que la maladie ne se développe. Les examens sont rapides, indolores et peuvent littéralement sauver ta vision.

Ce qu'un ophtalmologue peut détecter :

  • Une pression intraoculaire élevée (même sans symptômes)
  • Une cornée plus fine que la normale
  • Des anomalies de l'angle de drainage de l'œil
  • Des changements précoces du nerf optique
  • Ton profil de risque global

Tu devrais consulter un ophtalmologue si :

  • Tu as plus de 40 ans
  • Tu as des antécédents familiaux de glaucome
  • Tu pratiques régulièrement des inversions
  • Tu es d'origine africaine ou asiatique (risque génétique plus élevé)
  • Tu prends des corticoïdes

Fréquence recommandée des examens selon l'American Academy of Ophthalmology :

  • 40-54 ans : tous les 1 à 3 ans
  • 55-64 ans : tous les 1 à 2 ans
  • 65 ans et plus : tous les 6 à 12 mois

💡 Mon conseil : Si tu envisages de pratiquer Sirsasana ou d'autres inversions régulièrement, fais d'abord un bilan ophtalmologique complet. C'est un investissement minime pour protéger ta vision à long terme.

Impact sur les cervicales

La charge importante sur les cervicales est un facteur à considérer sérieusement :

  • Près de la moitié de ton poids repose sur une zone délicate
  • Les disques intervertébraux subissent une compression inhabituelle
  • L'alignement parfait est crucial mais difficile à maintenir

L'hypertension : Le vrai danger

Si tu as de l'hypertension, même contrôlée, Sirsasana présente des risques réels. Le mécanisme protecteur du cerveau a ses limites (il fonctionne entre 60 et 160 mmHg de pression moyenne), et les complications vasculaires documentées sont sérieuses.

Mon approche nuancée en tant que professeure

Je ne suis pas là pour "démonter" le yoga - au contraire ! Le yoga m'a apporté énormément et continue de transformer la vie de mes élèves. Mais notre pratique doit évoluer avec nos connaissances.

Les contre-indications absolues

Ne pratique JAMAIS Sirsasana si tu as :

  • Glaucome ou pression oculaire élevée
  • Hypertension (même traitée)
  • Problèmes cervicaux
  • Antécédents d'AVC ou problèmes vasculaires
  • Migraines fréquentes
  • Ostéoporose
  • Vertiges ou problèmes d'oreille interne

Les alternatives qui respectent la tradition

Le beau dans le yoga, c'est qu'il existe toujours plusieurs chemins vers le même objectif. Voici mes alternatives préférées qui honorent l'esprit de Sirsasana :

Pour l'aspect énergétique et méditatif

  • Viparita Karani contre le mur - inversion douce aux effets profonds
  • Prasarita Padottanasana tenue longtemps - inversion partielle apaisante

Pour le défi physique et mental

  • Pincha Mayurasana (équilibre sur les avant-bras) - moins de pression cervicale mais toujours contre-indiquée pour le glaucome
  • Adho Mukha Vrksasana (poirier) contre le mur - développe la même force (contre-indiquée si glaucome)
  • Sarvangasana supportée avec couvertures - inversion complète plus sûre
  • Dolphin pose tenu longtemps - préparation et renforcement

La sagesse du discernement

Le yoga nous enseigne viveka - le discernement. Utilisons-le ! Ce n'est pas parce qu'une posture est traditionnelle qu'elle convient à tous les corps, à toutes les époques.

Iyengar lui-même adaptait constamment sa pratique et son enseignement. Il utilisait des props, modifiait les postures, innovait. Suivons son exemple en adaptant notre pratique aux connaissances actuelles.

Pour conclure : L'évolution, pas la révolution

Je ne te dis pas d'abandonner complètement Sirsasana si elle fait partie de ta pratique et que tu la maîtrises. Je t'invite simplement à :

  • 🧘‍♀️ Être informé(e) des risques réels
  • 🧘‍♀️ Écouter ton corps avec encore plus d'attention
  • 🧘‍♀️ Explorer les alternatives avec curiosité
  • 🧘‍♀️ Adapter ta pratique à tes besoins actuels
  • 🧘‍♀️ Honorer la tradition tout en embrassant l'évolution

Le vrai yoga n'est pas dans la performance des postures spectaculaires, mais dans une pratique consciente qui nous accompagne tout au long de notre vie.

Sources scientifiques complètes

  1. Minvaleev et al. (2019). "Headstand (Sirshasana) Does Not Increase the Blood Flow to the Brain." Journal of Alternative and Complementary Medicine. Lien vers l'étude
  2. Hector & Jensen (2015). "Sirsasana (headstand) technique alters head/neck loading: Considerations for safety." Journal of Bodywork and Movement Therapies. Lien vers l'étude
  3. Manjunath & Telles (2003). "Effects of Sirsasana (headstand) practice on autonomic and respiratory variables." Indian Journal of Physiology and Pharmacology. Lien vers l'étude
  4. Baskaran et al. (2006). "Intraocular pressure changes and ocular biometry during Sirsasana." Ophthalmology. Lien vers l'étude
  5. Gallardo et al. (2006). "Progression of glaucoma associated with the Sirsasana yoga posture." Advances in Therapy. Lien vers l'étude
  6. Jasien et al. (2015). "Intraocular Pressure Rise in Subjects with and without Glaucoma during Four Common Yoga Positions." PLOS One. Lien vers l'étude
  7. Cleveland Clinic (2022). "Glaucoma Tests: What To Expect & How To Interpret Results." Lien vers l'article

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Sirsasana : Entre tradition yogique et réalité scientifique: les vrais dangers
Anne-Sophie Ring 4 septembre 2025
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